TRAVAIL EN COURS

LE LIVRE D’UNE VIE D’ÉCRITURE
COMME UNE AUTOBIOGRAPHIE
EN MILLE ET UN FRAGMENTS

COMME UNE AUTOBIOGRAPHIE J’ai écrit par petites touches une sorte d’autoportrait kaléidoscopique marqué par la fragmentation et l’inachèvement, le tout dans une certaine continuité, celle d’une vie où l’écriture a pris une place sans doute démesurée. JJD
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OU BIEN OU BIEN J’ai écrit au lit ce livre des mille et une nuits, après la mort si injuste de ma Shéhérazade, pressé par la nécessité de laisser place à l’histoire d’une vie ordinaire que l’écriture parfois contrarie et d’autres fois irradie. JJD
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ET ENFIN J’ai écrit ces mille et un fragments pour essayer de m’éloigner de celui que je connais trop bien…comme si je l’avais fait. JJD

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L’ÉCRIT ÇA ARRIVE COMME LE VENT, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit, et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. Marguerite Duras
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UN LIVRE N’EST PAS UNE VIE, mais au moins laisserai-je derrière moi, dans un territoire, d’un atelier à l’autre, un sillage multiple, zigzaguant, que le temps ne manquera pas d’effacer, quand il lui plaira. Mais qu’il attende un peu. Je travaille encore. Jean-Claude Carrière Ateliers

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LA VIE RESSEMBLE PARFOIS À UN PUZZLE DE MILLE PIÈCES dont il manquerait des morceaux sans qu’on sache exactement lesquels. Olivier Chantraine Un élément perturbateur
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QUI SOMMES-NOUS ? qu’est chacun de nous, sinon une combinaison d’expériences, d’informations, de lectures de rêveries ? Chaque vie est une encyclopédie, une bibliothèque, un inventaire d’objets, un échantillonnage de styles, où tout peut se mêler et se réorganiser de toutes les manières possibles. Italo Calvino
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LE TRAVAIL DU TEMPS est ce qui fait qu’on s’absente de soi
Jusqu’à l’ultime absence
Il est altération
Il est l’Autre qui s’insinue dans la place du Même
François Hartog

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Sous l’histoire, la mémoire et l’oubli
Sous la mémoire et l’oubli, la vie,
Mais écrire la vie est une autre histoire,
Inachèvement.

Paul Ricœur



ET MOI ET MOI ET MOI

ET MOI ET MOI ET MOI Moi n’a aucun intérêt. Je l’affirme mais ne signe pas. Ce serait oublier, tous ces moi moi moi, que ma manie d’écrire, a fixés, années après années, en des carnets, cahiers, agendas. Autant de moi épinglés, comme l’on faisait jadis, des lucanes, scarabées, papillons, mouchettes et doriophores. Un jour, ils passeront à l’as. J’aurai quitté le lieu.  En attendant, j’écris. Livre de sable, grain grain des jours uniques et des mille et une nuits. J’écris entre mémoire et oubli, l’histoire d’une vie. Mais ceci est une autre histoire. Inachèvement (ajoutait le philosophe Paul Ricœur)

ET QUAND PERSONNE NE ME LIRA JE M’EN FICHE

J’ÉCRIS EN BUVANT L’EAU DE LA FONTAINE DU GRAND OUBLI J’écris sans mémoires ni souvenirs J’écris sur un bloc de cire vierge de toute poésie J’écris chantant des mythes accoudé au rocher de Sisyphe J’écris des glyphes qui attendent leur Champollion J’écris formes, notes et simulacres J’écris dans l’odeur âcre des derniers feux de Mai 68 J’écris 68 fois sous les pavés la page J’écris en marchant de nuit dans les rues d’une ville inconnue dictant à mon magnétophone portatif le nom des rues et des affiches J’écris et quand personne ne me lira je m’en fiche

J’OUBLIE QUI JE SUIS

J’OUBLIE QUI JE SUIS J’ai dit adieu à toutes les nuits où j’ai dit dans ton lit Petit esprit Please Oublie qui je suis Arno (1949-2022) J’oublie qui je suis Façon d’écrire Manière de lancer la fabrique de ce texte dont j’ignorais qu’il avait fait l’objet des paroles de ce chanteur qui vient de disparaître (comme on dit) Arno c’était pour moi, avant que l’écran ne me donne l’info, exclusivement ce petit fleuve qui traverse Firenze et passe sous le ponte vecchio On voit un extraordinaire dessin de Leonard, qui fut appelé par les florentins pour un projet de dérivation, intitulé « Placement du fleuve Arno dans un canal » ou bien aussi on peut lire dans une lettre de Machiavel « allé à Pise avec Leonard de Vinci niveler le fleuve Arno et le déplacer de son lit » Les travaux commencèrent mais l’Arno ne voulut pas sortir de son lit Grands esprits Please Oubliez qui je suis

Placement du fleuve Arno dans un canal : Leonardo da Vinci

DÉFENDEZ-MOI DE MOI

-Mais quel est ton secret ? Je nai pas de secret, sauf celui de refuser de me prendre pour quelquun qui chaque nuit écrit ses secrets.

« Défendez-moi de moi » ai-je lu, peut-être chez Montaigne, sûrement (en traduction) chez quelque autre auteur de conséquence écrivant dans la langue de Cervantes.

Celui qui écrit sur la mémoire, le temps, loubli, la répétition, le mouvement, la nostalgie du présent, je fais comme si je ne le connaissais pas personnellement, comme si jignorais ce quil avait déjà écrit sur ses cahiers, petites cartes blanches ou colorées, et même, ça peut arriver, sur un livre affublé dun nom dauteur, pour la commodité.

Bref, toute image renvoyée par les autres, ne rencontre jamais mon assentiment, ou plutôt, vous laurez peut-être compris, je les prends toutes pour argent comptant. Tous ces registres, tous ces costumes, tous ces personnages représentés par un seul acteur, une seule actrice (je songe à Isabelle Huppert, un modèle en ce domaine), tout ce mixte, ce kaléidoscope, cette machine à produire mille visages

-Alors, la prouesse est à tous ! conclut avec malice mon questionneur de secrets. La prouesse cest lallégresse de remettre une pièce dans la machine littéraire de nos désirs inassouvis.

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi